Des aménagements résilients et drainants pour faire face aux fortes pluies

Mis à jour le 8 mai 2024
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Les changements climatiques entraînent une augmentation continue des épisodes de pluie intense. Pour y faire face, la Ville se tourne vers des solutions innovantes, comme l’implantation d’infrastructures vertes (éponges), dont elle est chef de file.

La gestion des eaux pluviales 

La gestion des eaux pluviales nécessite un système complet d’infrastructures et une liste de processus. Traditionnellement, un travail d’entretien est effectué de manière régulière et systématique sur le réseau souterrain de la Ville. Ce travail permet de prévenir et de connaître l’état réel du réseau, plus précisément des puisards et des conduites (de la rue jusqu’à l’usine d’épuration des eaux usées.) Chaque fois que des travaux sont faits ou sont requis, les réseaux sous-terrain sont mis à jour et lorsque nécessaire, des travaux de réhabilitation ou de reconstruction des conduites sont effectués.  

Montréal compte aussi sur un réseau d’ouvrages de rétention, répartis à travers l’île où des centaines de milliers de mètres cubes d’eau peuvent être captés. Ces bassins limitent ainsi les surverses directes dans les cours d’eau naturels et contribuent, entre autres, à réduire les risques de refoulements et d’inondation urbaine. Toutefois, ces infrastructures sont très couteuses pour la collectivité et leurs chantiers complexes peuvent prendre des années, voir plus d’une décennie, à se terminer pour la mise en service. 

Depuis quelques années, la Ville doit composer, comme partout à l’échelle mondiale, avec les inondations provoquées par les fortes pluies et les changements climatiques. Ces fortes pluies déversent des quantités exceptionnelles d’eau durant un court laps de temps sur un secteur restreint. Aucun réseau n’a la capacité de gérer cette quantité abondante de pluies. On ne peut s’attendre à ce que l’égout fasse disparaître toutes les eaux de pluie sous terre. C’est pour cette raison que nous misons désormais sur le déploiement d’infrastructures de gestion des eaux pluviales en surface qui agissent en complémentarité avec le réseau souterrain.    

S’adapter et rediriger les eaux pluviales 

Le fait de s’adapter signifie entre autres d’accepter que l’eau puisse s’accumuler sur la chaussée et dans les espaces publics lors de fortes pluies tout en contrôlant les espaces où cette eau s’accumulera. Des mesures peuvent être prises pour diriger cette eau vers des zones spécifiques, ce qui permet de mieux gérer ces situations extrêmes. Cela se fait notamment par le développement d’infrastructures vertes, dites résilientes ou éponges. 

La gestion des eaux pluviales doit être partie intégrante de l’aménagement urbain. En ce sens, Montréal mise sur des actions qui permettront :   

  • d’implanter des infrastructures vertes pour infiltrer l’eau dans le sol, lors de la réfection du domaine public (par exemple des avancées de trottoirs, fosses d’arbres, noues).  

  • de créer des espaces publics résilients pour recevoir et retenir l’eau temporairement (parcs et places publiques ou terrains de loisirs vers lesquels est aussi dirigé le ruissellement de la rue.) 

Infrastructures vertes et drainantes 

Une infrastructure verte drainante est en quelque sorte un jardin de pluie. Il consiste en un espace vert à un niveau plus bas que le sol adjacent. Il est développé avec l’objectif qu’il recueille les eaux de pluie qui pourront s’infiltrer directement dans le sol.  

Lors de la réfection de rue, des avancées de trottoirs, des fosses d’arbres, des plates-bandes sont converties en étant aménagées en deçà du niveau de la rue. Des ouvertures sont créées à même les bordures de trottoir pour permettre à l’eau qui coule le long de la rue de s’y rendre.  

Ces infrastructures vertes permettent de capter les petites pluies et de réduire le nombre de surverses d’égouts aux cours d’eau et ce, à moindre coût pour la collectivité. De plus, cela permet de faire usage de cette eau en la retournant à la végétation. Les citoyens peuvent faire la même chose en détournant leurs gouttières vers leurs gazons et plantes plutôt que vers des surfaces imperméables.

Aménagement de parcs résilients : des espaces multifonctionnels 

Les parcs résilients, aussi appelés parcs éponges, ont pour fonction de recevoir les eaux de pluie et de les retenir, et ce, de façon temporaire pour réduire les risques d’accumulation d’eau dans les rues, lors de fortes pluies.  

Les caractéristiques d’un parc résilient sont très similaires à celles de tout autre parc à l’exception que le parc résilient est aménagé en dépression. Cela signifie que le parc est construit à un niveau plus bas que celui des rues adjacentes. Ainsi, lors d’orage violent et de fortes pluies, l’eau des rues avoisinantes peut être redirigée vers le parc (par le principe de gravité) pour soulager les réseaux d’égouts.  

Après la pluie et lorsque le réseau se décharge, des régulateurs relâchent l’eau dans le réseau et le parc redevient fonctionnel. Le principe du parc résilient repose sur l’idée de choisir d’inonder un espace spécifique pour éviter que l’eau soit accumulée sur la rue et inonde les bâtiments. Nous choisissons les zones inondées, plutôt que de subir les inondations.

Les parcs résilients sont en quelque sorte des espaces multifonctionnels. Ils peuvent offrir toutes les mêmes activités que celles que l’on retrouve dans un parc urbain. Toutefois, les plantations ainsi que le mobilier sont adaptés pour être parfois immergés. Il n’y a donc pas de compromis sur l’utilisation de l’espace, qui est limité en milieu urbain. 

Les parcs résilients représentent une initiative environnementale, durable et concrète. Contrairement aux aménagements souterrains, ces aménagements de surface sont une manière efficace et plus économique permettant de réduire les impacts des pluies abondantes. Le grand avantage de cette approche est qu’elle ajoute une nouvelle fonction à des infrastructures existantes ou prévues et qu’elle présente de nombreux co-bénéfices sur le plan économique, social et écologique. Notamment, les parcs résilients participent à la réduction des ilots de chaleur et à l’augmentation de la biodiversité. 

Les parcs résilients sont également sécuritaires. Les pentes d’un tel parc sont généralement douces et praticables. L’eau est accumulée graduellement dans le parc seulement durant les fortes pluies. Les eaux accumulées dans ces parcs se vident dans les heures suivant les pluies (dans un maximum de 24 heures). 

Adoption de cadres législatifs dans une perspective de résilience 

La réglementation doit également être cohérente avec les nouvelles réalités et les actions de la Ville. La mise à jour de la réglementation en matière d’urbanisme et de construction fait partie des actions prises par la Ville pour appuyer les différentes initiatives et assurer un travail concerté de toute la population. Ainsi les propriétaires de nouvelles constructions ainsi que celles existantes auront les capacités d’adapter leurs résidences aux nouvelles réalités.  

Un plan d’action collectif 

Avec cette stratégie d’aménagement, la Ville de Montréal s’inscrit parmi les villes innovantes en matière de gestion intégrée et durable des eaux pluviales en plaçant cet enjeu au cœur des politiques et projets d’aménagement urbain afin de réduire les impacts des changements climatiques. 

La stratégie de mise en œuvre d’aménagements verts et résilients est l’un des trois principaux volets du Plan d’action pour la résilience contre les inondations lors de fortes pluies à Montréal énoncé par la Ville. Il est le résultat d’une vision et d’une approche globale et concertée qui engage l’ensemble de la collectivité dans un processus d’adaptation.